Thierry Thysebaert
01/07/2001
Sources : Ciel et Espace juillet 2001

Symposium BG04 " Quantifying the Significance of Microbes in Sedimentary Geochemical Processes "

(1 et 2 ) Journal of Conference Abstracts (Cambridge Publications 2000) sept 2000 "Experimental Study of Culture Media of a Bacteria from Dry Environment"

http://www.geocities.com/CapeCanaveral/9278/systemat.htm
http://hometown.aol.com/drfatalis/extraterrestre.html

Acte 1 :TUNISIE, presqu'île de Djerba, 27 juin 1931, minuit. La garnison est prise de panique par la chute d'une boule de feu. Très vite, on s'aperçoit qu'il s'agit d'une pierre tombée du ciel et les plus gros fragments sont sommairement recueillis (12kg) pour être envoyés à Paris aux fins d'analyse. Le reste, d'aspect vitreux, est abandonné sur place, faute d'intérêt pour de vulgaires cailloux sans qualités esthétiques particulières.

Acte 2 : PARIS, 1931, Muséum d'histoire naturelle, on identifie cette roche comme étant une diogénite (roche magmatique d'origine extraterrestre), le tout est archivé et tombe dans l'oubli.

Acte 3 : PARIS, 1988, Alain CARION, physicien, collectionneur de météorites de longue date et " fouineur " d'archives à la bibliothèque du Muséum, exhume le rapport d'analyse et se met en chasse. Sur place, à Djerba, plus personne ne se souvient de l'événement, mais grâce à son expérience du terrain, il retrouve le site de l'impact…  En quelques jours, il récolte pas moins de 4 kilos, soit 4000 "pépites"….

Acte 4 : ANGERS, 1996, Laboratoire des sciences de la Terre, Alix Barrat consulte avec circonspection les rapports que la NASA publie avec force publicité au sujet de la fameuse météorite (diogénite aussi) ALH 84001, supposée d'origine martienne et qui renfermerait des traces fossiles de micro-bactéries associées à des globules de carbonates. Il sait que cette météorite a séjourné plus de 13000 ans dans l'Antartique et que, même dans ce milieu "impropre à la vie", des micro-organismes ont pu la contaminer.

    

La "preuve" des spécialistes américains en faveur d'une origine extra-terrestre repose sur leur taille cent fois plus réduite que pour les plus petites bactéries terrestres, soit quelques dizaines de nanomètres. Et le débat lancé depuis lors est toujours d'actualité avec ses détracteurs et ses inconditionnels. Par ailleurs, à l'époque beaucoup de biologistes pensent que de si petites structures ne sont pas susceptibles de contenir tout le matériel indispensable à ce que nous connaissons de la "Vie".
Se souvenant du fragment de TATAOUINE, acheté deux ans plus tôt à Alain Carion, Alix soumet sa météorite à l'examen et ... surprise : ses analyses ne concordent pas avec les rapports précédents; mieux, il y découvre des carbonates identiques aux globules de ALH 84001 !
Il en déduit que, sur les morceaux ramassés directement après la chute, les carbonates n'étaient pas encore présents, alors qu'après 50 ans de villégiature en plein désert, dans des conditions aussi extrêmes qu'en Antarctique, les globules ont eut le temps d'envahir la roche !

Acte 5 : LYON, Laboratoire de géologie de l'ENS, Philippe Gillet (1) démontre d'abord que le sable à proximité de Djerba présente la même "contamination" de carbonates, il découvre ensuite au microscope électronique des bâtonnets de quelques dizaines de nanomètres, à peine plus gros que ceux d'ALH 84001 !

Acte 6 : Centre CEA de Cadarache, 1999, Thierry Heulin, (1) spécialiste de l'écologie microbienne au CNRS, analyse le sable de TATAOUINE. Il met en évidence deux types de micro-organismes : des sphères de 800 nm et des bâtonnets de 200nm. Ces derniers sont en fait les plus petites bactéries vivantes découvertes sur Terre ! Il est persuadé que les bâtonnets de ALH 84001 et de TATAOUINE ne sont que l'expression d'une contamination en milieu "stressant", ce qui aurait eu pour effet de réduire sensiblement leur taille.

Acte 7 : LYON, Laboratoire de géologie de l'ENS, Philippe Gillet 2000 (2). Les travaux portent sur des cultures en milieu extrême afin de valider cette hypothèse. Ces expérimentations permettent de démontrer que le stress occasionné par la sécheresse extrême provoque des modifications morphologiques et l'apparition d'importants granules de polyphosphates comparables aux précipitations observées sur ALH 84001

D'autres recherches enfin s'attacheront à déterminer si ces bâtonnets sont bien représentatifs du "Vivant".
Si cette étude renforce les indices en faveur d'une contamination terrestre et déçoit les "supporters" de la vie extraterrestre, elle a à son actif la découverte du plus petit organisme de notre planète, ce qui n'est pas négligeable !