5 membres de l'équipage de l'Euro Space Center effectuent
un vol parabolique à bord de l'Airbus A300 ZERO-G

L'idée germait déjà depuis de longues années dans la tête de certains moniteurs de l'Euro Space Center ...

Eux qui parlent à longueur de journée de navettes spatiales, d'impesanteur, de station spatiale, d'astronautes; il leur fallait vivre l'impesanteur pour pouvoir mieux délivrer ce message aux jeunes de tous horizons venus effectuer une classe de l'Espace ou un stage d'astronaute dans ce centre d'initiation aux sciences et techniques de l'espace, unique en Europe.

Signe du destin, Monsieur Vladimir Pletser a donné le coup de pouce voire le coup de main nécessaire à l'élaboration des expériences destinées à être testées durant le vol parabolique.

Avant de pouvoir monter à bord de l'Airbus, il nous fallut passer un examen médical montrant notre aptitude à supporter ce vol d'un genre très particulier. Cet examen se déroule au Centre de Médecine Aérospatiale de la Force rienne Belge à Evere.

Nous passons notamment de longues minutes dans un caisson de décompression. Ensuite, une fuite importante d'oxygène fut simulée dans le caisson hypoxie.


A
vec un dossier bien ficelé et toutes nos expérimentations maintes fois répétées, nous prenons la direction de l'aéroport de Mérignac (Bordeaux-France). Une pluie battante nous accueille et ne nous quittera guère durant les trois jours de la campagne.
L'Airbus A300 de la firme Novespace nous attend.


Robert et Dominique installent les expériences

 


Le poste de pilotage de l'Airbus A300

 

Impatient d'effectuer déjà ses premières paraboles, ce fier oiseau nous ouvre ses portes pour nous permettre d'installer notre matériel.
Dans quelques dizaines de minutes, nous allons avoir le rare privilège de jouer aux astronautes, de tester la microgravité, d'expérimenter l'impesanteur, de flotter, de voler ...


Mireille et Edwin en route vers leur destin ...

L'avion, baptisé ZERO-G (pour gravité zéro), est un Airbus A300 aménagé pour effectuer des vols paraboliques. Au-dessus de l'océan, il effectue ses cabrioles sans trop se soucier des regards parfois étonnés des pêcheurs.
Pendant près de trois heures, l'avion impose à ses occupants des séquences répétées d'hypergravité, de micro-gravité et de gravité normale.

Sensations uniques garanties.

Au sommet de la parabole, tout ce qui se trouve à bord de l'avion est en chute libre. Expérimentateurs et expériences non arrimés flottent dans la carlingue tapissée de matelas en mousse. Pourtant, avant et après cette phase enivrante, il nous faut subir près de 2g (nous pesons deux fois plus lourd !).

Le but de ce vol était pédagogique. Nous devions montrer le comportement de certains objets classiques en impesanteur dans le but d'expliquer ce qu'est la microgravité aux jeunes stagiaires de l'Euro Space Center ... De nombreuses séquences vidéos furent tournées. Nous exploitons à l'heure actuelle tous ces documents (panneaux explicatifs et vidéos) dans le cadre des classes de l'espace et des stages.

Nos expériences :

Une balance fut installée et nous avons pu voir le changement de poids de la personne à chaque phase de 0g-1g-2g. Lorsque l'avion vole à l'horizontale (1g), nous avons notre poids terrestre. Ensuite, dès le fameux 'pull up', l'aiguille de la balance s'affolle et notre poids est doublé (2g). Quelques longues secondes plus tard, le message 'injection' parvient à nos oreilles et, d'un coup, la balance accuse 0 kg ... et cela pendant une vingtaine de secondes (0g). L'annonce du 'pull out' nous fait revenir (et la balance aussi) à la dure réalite des 2g pendant encore une vingtaine de secondes puis tout revient à la normale. La manoeuvre parabolique est terminée et nous avons une ou deux minutes pour nous préparer, ainsi que le matériel, à la parabole suivante. Nous en effectuerons 32 pendant un temps de vol de 2h30min.

Une autre expérience consistait à montrer le comportement d'un liquide en impesanteur.

Edwin a dû user d'ingéniosité et d'adresse pour pouvoir faire s'écouler de l'eau dans un récipient transparent. Lors de la phase 0g, il a comprimé le piston d'une seringue contenant le liquide et nous avons pu observer de fines goutelletes d'eau s'échappant de la seringue et flottant librement dans le réceptacle.


Mireille et Edwin faisant flotter une toupie et un gyroscope


Vladmir Pletser et Pierre-Emmanuël devant une toupie récalcitrante

Quelles ne furent pas les difficultés rencontrées pour faire tourner une simple toupie (voir ci-dessus). En 0g, il fut presque impossible de la maintenir sur un plan toute à sa tâche à flotter librement tandis qu'en 2g, le mouvement de rotation était beaucoup plus court qu'en 1g.

Une autre gageure fut de lancer une petite voiture sur un circuit (que vous pouvez voir en-dessous de Pierre-Emmanuël sur la photographie de gauche) formant une boucle. Lors de la phase 2g, il nous fut tout simplement impossible de faire amorcer à la voiture le début de la phase montante de la boucle. Que dire alors du comportement chaotique du petit véhicule en 0g.

Nous avons également observé l'oscillation d'un pendule. En 0g, il n'est pas surprenant de voir flotter le pendule mais en 2g, nous avons bien observé la diminution de la période du pendule d'un facteur

Le lancement d'une petite masse est également affaire de gravitation. En effet, nous désirions savoir comment lancer un petit projectile sur une cible symbolisés par une petite balle entourée de velcro sur une cible circulaire en tissu (visible au-dessus de Pierre-Emmanuël sur la photo de gauche).
A 1g, tout n'est affaire que d'adresse mais à og, il faut s'appliquer car il faut lancer bien plus bas que la cible pour espérer la toucher. A l'inverse, en 2g, il faut essayer de lancer plus haut que la cible pour pouvoir l'atteindre. Bien peu d'entre nous obtinrent leur brevet de tireur d'élite ce jour-là ...


Goûter simplement aux joies de l'impesanteur ...

Une première : avec l'aide de Vladimir Pletser, Pierre-Emmanuël tente, en 0g, de dessiner son personnage fétiche Tania

Vladimir Pletser et Pierre-Emmanuël volant de concert ...

Edwin dans tous ses états

Retour sur Terre ... Robert nous délivre ses impressions car demain, c'est à notre tour ...

Nous tenons à remercier tout particulièrement Vladimir Pletser sans qui nous n'aurions pu vivre cette expérience unique !

Nos remerciements vont également à l'équipe sympathique et omniprésente du CEV (Centre d'Essais en Vol), au CNES (Centre National d'Etudes Spatiales) ainsi qu'à l'ESA (Agence Spatiale Européenne).